LA CULTURE DU COTON ET DEVELOPPEMENT DURABLE AU BURKINA FASO

Publié le par Hamidou KOUSSOUBE

LA CULTURE DU COTON ET DEVELOPPEMENT DURABLE AU BURKINA FASO

LA CULTURE DU COTON ET
DEVELOPPEMENT DURABLE AU
BURKINA FASO

Résumé

Les facteurs conjugués de la baisse persistante des cours du coton, la dépréciation sévère du dollar par rapport à l’euro, la flambée des prix du pétrole et partant, le renchérissement des prix des intrants provoquent aujourd’hui une crise sans précédent au Burkina Faso et dans l’ensemble des pays cotonniers ouest africains.

Plus de 90% des pauvres résidents en milieux ruraux, où plus de la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté correspondant à environ 127 Euro par adulte et par an. Selon trois enquêtes effectuées par l’institut national de la statistique et de la démographie (INSD), l’incidence de la pauvreté en zone rurale était de 51% en 1994 et en 1998. Mais elle serait montée à 52% en 2003. De 1994 à 1998, la hausse de la pauvreté dans la zone rurale sans coton (51% à 53,4%) avait été compensée par la baisse en zone cotonnière de 50,1% à 42%[1]. Selon ce même institut, la pauvreté des ménages burkinabés serait plus de 50% en 2008. L’état de pauvreté chez les contonculteurs ne fait s’aggraver. Un regard sur les campagnes passées nous situe.

La campagne 2006-2007 au Burkina Faso a été marquée par une baisse du prix d’achat du coton aux producteurs (165 FCFA le kg pour le coton « 1er choix », contre 175 FCFA pour la campagne 2005-2006 et 210 FCFA en 2004-2005) et une pluviométrie défavorable au début de la campagne agricole. Le pays a accusé une baisse de production du coton graine de près de 10% ce qui, combiné avec la baisse du prix du coton, a eu pour conséquence la chute des revenus des ménages cotonniers. De plus, au regard des volumes de crédits qui ont été mis en jeu pour les campagnes, les difficultés de recouvrements sont importantes au sein des Groupements de Producteurs de Coton (GPC). Ces impayés prévisionnels, qui fragilisent la filière, sont de l’ordre de 85 millions de FCFA contre 36 millions la campagne passée.

En outre, la situation financière des sociétés cotonnières s’est détériorée (le déficit cumulé depuis 2 campagnes avoisine les 66 milliards de francs CFA, soit un peu plus de 100 millions d’euros pour les trois sociétés burkinabé) entraînant des retards importants de paiements du coton graine lors de la campagne de collecte[2] ; retards qui ont contraint de nombreux producteurs à déstocker leurs céréales pour faire face aux besoins des ménages.

Cependant il semble urgent aujourd’hui de montrer que la situation actuelle, qui pourrait conduire à une désaffection de cette culture voire à terme, son abandon, entraînerait inexorablement une paupérisation de producteurs qui, sans le coton n’auraient plus de revenus monétaires et, plus grave, ne pourraient plus avoir accès aux intrants nécessaires à l’ensemble des cultures.

Bien qu’il ait changement social, et économique apportés par la culture du coton dans certaines zones cotonnières, sa culture reste une problématique quand à la lutte contre la pauvreté et la protection de l’environnement, pour dire qu’à l’heure actuelle, sa culture défavorise les conditions de vie des ménages producteurs.

[1] Analyse de la pauvreté au Burkina Faso ; INSD 1999, cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

[2] Source : SOCOMA, SOFITEX, et Faso Coton. . La production de coton graine est passée de 715 000 tonnes en 2005-2006, à 660 000 tonnes pour la campagne 2006-2007.

Sécurité alimentaire, Développement, Coton, Burkina, Agriculture

Publié dans Sécurité Alimentaire

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